En
cette belle journée, pas question de vous proposer de critique filmique (enfin
pas une entière en tout cas), non pas parce que je n’en ai pas envie mais parce
que j’ai autre chose à vous raconter. Mardi dernier, le cinq avril, je me suis
rendue au grand Rex, à Paris, afin d’assister au lancement de la Summer Edition du festival de cinéma Montagne en Scène.
![]() |
Manon et Cyril |
Le programme de cette édition (comme
celui des années précédentes) était très
diversifié et très intéressant. Les films ont été projetés dans l’ordre
suivant : A Line Accross The Sky,
suivi de Chasing Niagara, ensuite The Mont Rebei Project et pour terminer Valley Uprising. Ces quatre projets sont tous aussi différents les uns que
les autres mais ont un point commun – que vous pouvez facilement
trouver : la montagne (oui, on est au printemps mais la montagne se
pratique en toute saison). Durant quelques heures, le spectateur est plongé
dans le monde montagnard (froid), qu’il connaît (ou non). Plusieurs activités
de montagnes sont représentées durant la projection : l’alpinisme, le
kayak, le rope jump (ou saut pendulaire) et l’escalade. Malgré la place du
spectateur, en sécurité dans son fauteuil, il est impossible pour lui de sortir
de la salle dans le même état d’esprit avec lequel il est entré dans le cinéma
(parce que ces films font réfléchir, je vous assure).
![]() |
Chasing Niagara |
Les images sont toutes magnifiques,
la technique de filmage, parfois particulière (usage de GoPro notamment) donne
à celui qui regarde le film la possibilité de ressentir des émotions
authentiques : le frisson, la peur, l’émerveillement... (Surtout le
vertige pour ma part). Rien ne semble être laissé au hasard, ni dans les plans,
ni dans l’ordre dans lequel les œuvres sont projetées. Même si dans
l’imaginaire collectif, les sports de montagne sont dangereux et aboutissent
parfois (dans les cas les plus tristes) à la mort, les films présentés ne sont
pas en reste quand il s’agit d’humour (notamment le film The Mont Rebei Project). Pour en revenir aux images, la plupart
donnent une sensation de vertige, de vide qui peuvent mettre mal à l’aise,
d’autres sont plus poétiques (beaucoup plus), particulièrement celles de Chasing Niagara avec des passages en slow motion
sur les chutes d’eau des cascades.
La totalité des projets présentés
lors du festival permettent au spectateur d’avoir un aperçu interne de la
discipline qui est présentée dans le film (et ça, c’est bien). Non pas à cause
du moyen de filmer ou même du scénario mais parce que ces films sont filmés de
façon documentaire (mais pas documentaire ennuyeux à mourir, rassurez-vous). Dans
le dernier film projeté lors de la soirée : Valley Uprising, on a un découpage chronologique qui permet de
fixer des dates clés, avec des personnages importants du milieu de l’escalade. Le
point de vue interne et le choix de montrer ce qui se passe dans la tête des
sportifs sont des atouts qui permettent au spectateur de plonger dans l’univers
qu’on lui offre (un univers de partage, de liberté et plein d’autres choses
fantastiques). Il a davantage de chances de comprendre les raisons qui poussent
telles personnes à grimper et d’autres à faire du rope jump (enfin si
raison il y a). D’autre part, cette vision permet de démystifier les conditions
de vie des sportifs lors de la pratique de leur discipline. Dans The Mont Rebei Project on a ainsi un
plan de quelques minutes qui montre une chute de grêle qui cloue les sauteurs
au sol.
![]() |
The Mont Rebei Project |
Ce sont des films géniaux que vous
verrez en vous rendant à l’une des projections du Festival. Ils ne vous
montreront pas que les aspects matériels des différentes disciplines qu’ils
présentent mais vous mettront face à des éléments qui donnent une véritable âme
à l’univers de la montagne. Alex Honnold et Tommy Caldwell dans A Line Accross The Sky offrent une image
amicale, chaleureuse et fraternelle de l’alpinisme/escalade. On les observe
ainsi manger de la polenta à l’aide d’une paire de lunettes cassées et on
assiste à la souffrance physique de ces sportifs de l’extrême (peau sous les
ongles qui se décolle, crevasses sur les mains par exemple). À travers Valley Uprising, l’histoire de
l’escalade est retracée grâce à des figures tutélaires du milieu mais
l’influence de l’Histoire sur la pratique n’est pas non plus laissée de côté.
Dans Chasing Niagara, l’évolution du
personnage principal laisse sans voix tandis que dans The Mont Rebei Project l’esprit d’équipe est mis en avant (comme vous pouvez le constater, il faut faire confiance à l'autre quand on se fait équiper... sécurité bonjour. Ah et je salue la solidité du matériel, aussi).
Je vous entends de loin : je ne
connais rien à la montagne, qu’est-ce que je vais aller faire là-bas ? La
question se pose car la plupart des spectateurs que j’ai rencontrés m’ont dit
pratiquer la montagne régulièrement. Pas d’inquiétudes, chacun trouve sa place
lors du festival. Pour preuve : le ski et moi, ça fait deux, parce qu’on
ne s’est jamais rencontrés (la faute au badminton et à une mauvaise entorse).
Pourtant, entrer dans l’univers de la montagne ne m’a pas posé de problème (on
peut même dire que j’ai aimé ça). J’étudie le cinéma à mes heures perdues et
originellement, je suis allée voir ces films pour la beauté de l’image, la
poésie qui s’en dégageait. Cependant, je me suis rendue à l’évidence : la
beauté des images compte, mais les histoires qu’on observe à l’écran, même si
on ne sait pas ce qu’est une longueur en escalade, nous happent et nous entraînent
dans leur atmosphère, leur univers. Les films vous transportent et l’espace de
quelques heures, vous n’êtes plus en ville mais en plein parc Yosemite, en
compagnie de grimpeurs chevronnés qui escaladent des hauteurs effrayantes. Outre
ce voyage, le spectateur ressort changé de ces projections : sa perception
de la peur, du vertige et de la liberté évoluent.
Pour vous convaincre plus avant, je
pourrais aussi dire que vous ressortirez de ces projections (peut-être comme
moi) avec l’envie de vous mettre à l’escalade et de vous informer sur le milieu
montagnard.
Point final à ce compte rendu :
rendez-vous à ces projections exceptionnelles. Elles sont magiques tant du
point de vue technique et scénaristique (Chasing
Niagara est le film qui est typiquement bon dans la mesure où le personnage
principal évolue au cours du projet qu’il mène) qu’au plan où vous ne pouvez
pas rester de marbre devant des images pareilles : vous allez forcément
ressentir quelque chose.
![]() |
Pyrénaline, pratiquants du rope jump dans The Mont Rebei Project |
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire