jeudi 7 avril 2016

Compte rendu de festival : Montagne en Scène 2016


En cette belle journée, pas question de vous proposer de critique filmique (enfin pas une entière en tout cas), non pas parce que je n’en ai pas envie mais parce que j’ai autre chose à vous raconter. Mardi dernier, le cinq avril, je me suis rendue au grand Rex, à Paris, afin d’assister au lancement de la Summer Edition du festival de cinéma Montagne en Scène. 

Manon et Cyril
    Cette 7ème édition (oui, déjà la septième) a débuté avec un discours de Manon Grimwood et Cyril Salomon, les fondateurs du festival. Après quelques mots et deux trois blagues, les lumières s’éteignent (comme dans toute projection) et le visionnage des films commence.

    Le programme de cette édition (comme celui des  années précédentes) était très diversifié et très intéressant. Les films ont été projetés dans l’ordre suivant : A Line Accross The Sky, suivi de Chasing Niagara, ensuite The Mont Rebei Project et pour terminer Valley Uprising. Ces quatre projets sont tous aussi différents les uns que les autres mais ont un point commun – que vous pouvez facilement trouver : la montagne (oui, on est au printemps mais la montagne se pratique en toute saison). Durant quelques heures, le spectateur est plongé dans le monde montagnard (froid), qu’il connaît (ou non). Plusieurs activités de montagnes sont représentées durant la projection : l’alpinisme, le kayak, le rope jump (ou saut pendulaire) et l’escalade. Malgré la place du spectateur, en sécurité dans son fauteuil, il est impossible pour lui de sortir de la salle dans le même état d’esprit avec lequel il est entré dans le cinéma (parce que ces films font réfléchir, je vous assure).

Chasing Niagara
    Les images sont toutes magnifiques, la technique de filmage, parfois particulière (usage de GoPro notamment) donne à celui qui regarde le film la possibilité de ressentir des émotions authentiques : le frisson, la peur, l’émerveillement... (Surtout le vertige pour ma part). Rien ne semble être laissé au hasard, ni dans les plans, ni dans l’ordre dans lequel les œuvres sont projetées. Même si dans l’imaginaire collectif, les sports de montagne sont dangereux et aboutissent parfois (dans les cas les plus tristes) à la mort, les films présentés ne sont pas en reste quand il s’agit d’humour (notamment le film The Mont Rebei Project). Pour en revenir aux images, la plupart donnent une sensation de vertige, de vide qui peuvent mettre mal à l’aise, d’autres sont plus poétiques (beaucoup plus), particulièrement celles de Chasing Niagara avec des passages en slow motion sur les chutes d’eau des cascades.

    La totalité des projets présentés lors du festival permettent au spectateur d’avoir un aperçu interne de la discipline qui est présentée dans le film (et ça, c’est bien). Non pas à cause du moyen de filmer ou même du scénario mais parce que ces films sont filmés de façon documentaire (mais pas documentaire ennuyeux à mourir, rassurez-vous). Dans le dernier film projeté lors de la soirée : Valley Uprising, on a un découpage chronologique qui permet de fixer des dates clés, avec des personnages importants du milieu de l’escalade. Le point de vue interne et le choix de montrer ce qui se passe dans la tête des sportifs sont des atouts qui permettent au spectateur de plonger dans l’univers qu’on lui offre (un univers de partage, de liberté et plein d’autres choses fantastiques). Il a davantage de chances de comprendre les raisons qui poussent telles personnes à grimper et d’autres à faire du rope jump (enfin si raison il y a). D’autre part, cette vision permet de démystifier les conditions de vie des sportifs lors de la pratique de leur discipline. Dans The Mont Rebei Project on a ainsi un plan de quelques minutes qui montre une chute de grêle qui cloue les sauteurs au sol.

The Mont Rebei Project
    Ce sont des films géniaux que vous verrez en vous rendant à l’une des projections du Festival. Ils ne vous montreront pas que les aspects matériels des différentes disciplines qu’ils présentent mais vous mettront face à des éléments qui donnent une véritable âme à l’univers de la montagne. Alex Honnold et Tommy Caldwell dans A Line Accross The Sky offrent une image amicale, chaleureuse et fraternelle de l’alpinisme/escalade. On les observe ainsi manger de la polenta à l’aide d’une paire de lunettes cassées et on assiste à la souffrance physique de ces sportifs de l’extrême (peau sous les ongles qui se décolle, crevasses sur les mains par exemple). À travers Valley Uprising, l’histoire de l’escalade est retracée grâce à des figures tutélaires du milieu mais l’influence de l’Histoire sur la pratique n’est pas non plus laissée de côté. Dans Chasing Niagara, l’évolution du personnage principal laisse sans voix tandis que dans The Mont Rebei Project l’esprit d’équipe est mis en avant (comme vous pouvez le constater, il faut faire confiance à l'autre quand on se fait équiper... sécurité bonjour. Ah et je salue la solidité du matériel, aussi).

    Je vous entends de loin : je ne connais rien à la montagne, qu’est-ce que je vais aller faire là-bas ? La question se pose car la plupart des spectateurs que j’ai rencontrés m’ont dit pratiquer la montagne régulièrement. Pas d’inquiétudes, chacun trouve sa place lors du festival. Pour preuve : le ski et moi, ça fait deux, parce qu’on ne s’est jamais rencontrés (la faute au badminton et à une mauvaise entorse). Pourtant, entrer dans l’univers de la montagne ne m’a pas posé de problème (on peut même dire que j’ai aimé ça). J’étudie le cinéma à mes heures perdues et originellement, je suis allée voir ces films pour la beauté de l’image, la poésie qui s’en dégageait. Cependant, je me suis rendue à l’évidence : la beauté des images compte, mais les histoires qu’on observe à l’écran, même si on ne sait pas ce qu’est une longueur en escalade, nous happent et nous entraînent dans leur atmosphère, leur univers. Les films vous transportent et l’espace de quelques heures, vous n’êtes plus en ville mais en plein parc Yosemite, en compagnie de grimpeurs chevronnés qui escaladent des hauteurs effrayantes. Outre ce voyage, le spectateur ressort changé de ces projections : sa perception de la peur, du vertige et de la liberté évoluent.

    Pour vous convaincre plus avant, je pourrais aussi dire que vous ressortirez de ces projections (peut-être comme moi) avec l’envie de vous mettre à l’escalade et de vous informer sur le milieu montagnard.

    Point final à ce compte rendu : rendez-vous à ces projections exceptionnelles. Elles sont magiques tant du point de vue technique et scénaristique (Chasing Niagara est le film qui est typiquement bon dans la mesure où le personnage principal évolue au cours du projet qu’il mène) qu’au plan où vous ne pouvez pas rester de marbre devant des images pareilles : vous allez forcément ressentir quelque chose.

   
Pyrénaline, pratiquants du rope jump dans The Mont Rebei Project



Pour davantage d’informations visitez le site https://www.montagne-en-scene.com, je suis certaine qu’une projection a lieu près de chez vous !

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