dimanche 17 avril 2016

Rencontre avec Clément Badin, monteur son au cinéma

    Comme chacun sait, les sorties ciné, c’est mon dada (ou au moins un de mes dadas). L’objet film est intéressant, nous sommes tous d’accord à ce propos (j’espère). Mais qui se cache derrière le son au cinéma ? Une multitude de personnes (oui, vous avez bien lu). L’imaginaire collectif veut que le son au cinéma soit « l’ingé son et son perchman qui galère », mais je vous le dis, il n’y a pas que ça. La preuve avec cet article qui n’aurait pu exister sans l’aimable participation de Clément Badin, monteur son au cinéma.

Quelques mots à propos de Clément…
    Clément est monteur son mais pas seulement, il est également réalisateur. Après un parcours (très) singulier, il devient monteur son. Son choix ne se porte pas d’office sur le montage son. Non, originellement, il voulait réaliser et c’est tout. Finalement, après des études de cinéma, il décide de tout plaquer pour rejoindre l’armée de terre et revient ensuite à ses premières amours : le cinéma et la musique (parce qu’il a fréquenté les bancs du conservatoire).

Dans l’imaginaire collectif…
    Comme vous avez pu le lire un peu plus haut, tout le monde (ou presque) pense que le son se limite au perchman et à l’ingénieur du son sur le tournage. Que c’est la galère et que ce n’est pas un métier très gratifiant que de percher à longueur de temps. Croyez-le ou pas, il y a un panel (très) diversifié de métiers du son au cinéma, j’ai même pu apprendre deux trois anecdotes plutôt amusantes à ce sujet (mais nous y reviendrons plus tard).

En vérité…
    ... Le montage son c’est particulier. Tout d’abord, c’est une étape qui a lieu après le montage. Ensuite, il y a deux types de montages : le montage et direct soit le moment où on « enlève des accidents de tournage » et où on crée une bande son esthétique sans ajouter de sons extérieurs au film. C’est lors de cette étape de montage et direct que certains ajustements sont faits (par exemple quand le réalisateur souhaite garder une image mais pas le son qui va avec). Il y a après cela le montage son en lui même, où l’on a la création d’ambiance et d’effets. Pour ces travaux, on emploie généralement deux personnes (une pour le montage et direct, un autre pour le montage son) – mais tout varie selon le budget du film. Il arrive que le monteur de direct soit aussi employé pour faire le montage son. Bien entendu, pour les longs métrages, on distingue quasiment tout le temps ces deux rôles.

    On peut aussi penser (à tort) que le montage son, c’est bien gentil, mais que ça ne prend pas beaucoup de temps. Détrompez-vous : le montage et direct se fait en moyenne en 3 à 4 semaines tandis que le montage son à lui seul peut durer 8 semaines (oui, ça prend du temps vous dis-je).
  

Et la formation dans tout ça ?
    Clément a eu un parcours singulier, oui, mais il admet sans détours qu’aujourd’hui, il n’est pas possible de se former « sur le tas » comme c’était le cas il y a des années. Actuellement, les métiers du son sont techniques : on y parle de physique acoustique (moi aussi j’ai eu peur quand Clément a prononcé ces mots) et d’autres éléments du même type. C’est la raison qui explique que la formation des techniciens doit maintenant être très avancée. Autres informations à connaître (ou pas, c’est peut-être futile) : le monteur son n’est pas là lors du tournage (parce qu’en général, on ne sait pas, lors du tournage, qui sera le monteur son), il n’est pas convié non plus au visionnage des rushes (la faute au numérique : avant, la pellicule permettait de limiter les prises « parce que ça coûtait très cher à la minute », maintenant, on tourne beaucoup et ça donne des centaines d’heures à visionner).

    Pour en revenir à la diversité des métiers du son au cinéma (si on se limite à la France), Clément évoque ceux-ci : l’ingénieur du son et son perchman, le monteur des directs, le monteur son, le bruiteur, le recorder, le compositeur, le mixeur et tout ceux qui permettent de faire tourner les studios de postsynchronisation (doublage notamment). Pour la petite anecdote, dans les studios qui se trouvent outre Atlantique, il y a une masse importante de métiers du son, notamment un spécialiste des portes, des pas ou que sais-je encore sur le plateau (oui oui, un spécialiste des bruits de portes, vous imaginez ce que ça doit être comme travail vous?).

   La particularité du montage son ? Son aspect créatif. C’est avec plusieurs dizaines de sons qu’on arrive parfois à quelque chose. Parfois un son suffit, parfois il faut « soixante dix sons pour donner quelque chose ». De fait, l’aspect technique du montage son n’est pas à minorer mais il semble « qu’une fois débarrassé de la technique, le montage son est un vrai métier artistique ». Alors oui, c’est un métier technique et artistique, comme beaucoup de métiers du cinéma.

Un véritable métier de création
    L’atmosphère du film se crée en tête à tête avec le réalisateur qui a toujours le fin mot de l’histoire. « Il peut y avoir des accords et des désaccords, mais ce n’est pas grave », ça veut simplement dire qu’il faut travailler davantage le son. Le son, c’est un peu « de la cuisine », il y a des recherches, certes, mais il y a aussi des découvertes « hasardeuses » qui donnent un effet génial. En fait, le métier de monteur son, c’est un peut comme gérer une « partition musicale » dit Clément.

Le mot de la fin ?
    « On est au service d’un film et d’un réalisateur ». Non, le monteur son ne vagabonde pas comme il veut dans ses banques de son, il faut que ce qu’il fait soit positif pour le film et le projet du réalisateur, ce qui implique un travail de collaboration qui n’est pas négligeable.

    Pour visionner l'interview, c'est ici !    

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