jeudi 28 avril 2016

Rencontre avec Gareth J. Rubery, compositeur de musiques de films

    Je ne vais pas vous mentir : j’apprécie le cinéma, c’est d’ailleurs pour cette raison qu’il a une place si particulière dans mes articles et que c’est (presque) le seul sujet qui a un rythme de publication d’articles régulier. En vrai, regarder une projection, je trouve ça cool. Mais il est d’autant plus vrai que j’aime savoir ce qui se cache derrière la création de l’objet film lui-même. Il y a quelques temps, j’ai pu échanger avec un compositeur de musiques de films et ce que j’ai appris et très intéressant (du moins j’ai trouvé).
 
Gareth J. Rubery
À propos de Gareth

    C’est un musicien britannique qui a étudié à l’Académie de Musique Contemporaine anglaise. Il a débuté la musique à un jeune âge et est resté dans le milieu jusqu’à pouvoir, aujourd’hui, en faire son métier. De fait, il me dira lui même qu’il ne saurait pas quoi faire d’autre de son temps que de pratiquer la musique. Ce qu’il apprécie : « work on different styles of music, from classical to rock music and everything in between ». Ca peut paraître particulier de ne pas avoir de spécialité dans le milieu mais vous verrez au fil des  articles que beaucoup de professions nécessitent d’être polyvalent et pluridisciplinaire.

Ce qu’on croit et ce qui est vraiment
            
    L’idée générale voudrait que le compositeur de musiques de film travaille un peu en solitaire et qu’il propose tel ou tel morceau au réalisateur qui le contacte. Il n’en est rien : le compositeur « always works to what the director wants ». Dans une certaine mesure, c’est normal me direz-vous (parce que oui, le réal c’est un peu celui qui a tout en tête sur un plateau de tournage et qu’il a une idée précise du rendu qu’il désire) mais le créateur de musique doit quand même pouvoir s’exprimer. C’est là que le travail devient intéressant : c’est un vrai travail d’équipe.

    Parce que oui, un film, c’est bien (seulement) beau sur le papier quand on est seul. D’une part, si on fait tout absolument seul(e), ça peut vite virer au cauchemar (parce qu’un scripte n’est pas forcément capable de gérer les prises son ou de maquiller les acteurs) et d’autre part, si on ne s’entend pas sur le plateau avec les autres membres de l’équipe, ça peut devenir explosif (regardez Grey’s anatomy et cherchez la véritable raison de la mort de Georges, vous pourriez être surpris). Le but de chacun, en général, est de tout faire afin de « make the best film possible ». Les concessions sont donc un aspect non négociable du rôle de tous les techniciens (et acteurs)  lors de la réalisation d’un film – qu’il soit court ou long.

Les étapes de composition d’une musique de film

    Lors de la phase de composition de la musique, Gareth explique qu’il a en général quelques mois mais que parfois, les délais peuvent s’avérer assez serrés. Globalement, les étapes de création sont les suivantes : la mélodie vient la première (et ce après un entretien avec le réalisateur). Ensuite, la composition débute avec des airs au piano – qui est l’instrument d’où partent toutes les compositions de Gareth – puis après plusieurs essais, et divers moments de réécritures de partitions, les autres musiciens nécessaires à l’enregistrement du morceaux sont invités à s’associer à Gareth pour une session d’enregistrement. Gareth travaille la musique de bout en bout et c’est lui-même qui insère la musique dans le film.

Et donc ?
            
    Ceci montre à quel point un film n’est pas chose facile à réaliser dans son entier. Il faut plusieurs mois de préparations, quelques semaines de tournage et ensuite un petit moment en post-production pour arriver à quelque chose de projetable en salles. L’échange que j’ai eu avec Gareth m’a aussi permis de comprendre les enjeux de l’esprit d’équipe au cinéma et les concessions nécessaires pour pouvoir évoluer dans la profession. Cela dit, les musiciens, compositeurs de musique de films ne font pas absolument tout ce que veut le réalisateur (sinon, ça ne serait pas une collaboration). Non, le musicien conserve sa liberté de composer et c’est là que les concessions – de la part du réalisateur et du compositeur – interviennent.

            Vous pouvez d’ailleurs aller écouter les compositions géniales de Gareth sur Youtube : https://www.youtube.com/channel/UC9br5qj1u914wzr02Ka98VQ


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