
En quelques secondes, le décor est planté.
En parlant de ce dernier, c’est un univers particulier qui nous est donné à
voir lors de la représentation. Deux mâts chinois se dressent en plein milieu
de la scène tandis que des chaises – sept – sont au fond de la scène. On
aperçoit vaguement un piano qui nous a une place particulière dans la représentation. Les artistes entrent en scène, vêtus de pantalons gris,
de vestes de costume ainsi que de t-shirts blancs. C’est simple, mais ça marque
l’œil (je vous assure que c’est vrai). Des sauts, des portés, le tout
minutieusement chorégraphié sont mis en œuvres et parfaitement exécutés pendant
quelques minutes. On s’habitue rapidement aux différents visages des
protagonistes. Et puis vient le moment d’en apprendre plus sur eux : non
ce ne sont pas que des corps qui font des performances stupéfiantes ; ce
sont aussi des personnes. Il y a donc Kévin, Harlay, Anne-Marie (la seule femme
du groupe), Yann, Song, Lucas et Kai qui se présentent rapidement, avec leur
ville d’origine et leurs particularités. Plus tard nous découvrirons même leur
poids, leur taille et quelques autres éléments de leur personnalité.
Les performances sont extrêmement
diversifiées : du mâts chinois, de la guitare, du trapèze et j’en passe.
Le tout est savamment construit autour du thème de la trace, du fait que tout
soit éphémère. On pourrait avoir en tête l’image d’une représentation qui veut
montrer ce qu’elle a dans le ventre à l’aide de figures de force, tout le
temps. Là, c’est différent. La force est bien là, mais ce qui permet de faire
sortir ce spectacle du lot de ce qu’on peut voir aujourd’hui, c’est sa poésie.
Ces corps qui s’expriment sur scène ont l’art de vous transporter. Ils vous
font rêver (parce qu’ils sont musclés mais pas seulement) grâce à la façon dont
le spectacle est construit. L’alternance entre moments forts de groupe et moments
solos permet de mettre les talents de chacun en avant et en même temps, de
montrer le travail d’équipe qui se cache derrière la création de ce spectacle.
Pour être honnête, je ne sais pas si cette
performance mérite de n’être classée que dans la catégorie
« cirque ». Je pourrais aussi la ranger dans la catégorie théâtre,
humour, performance, un peu tout ça à la fois. Traces est une expérience magnifique et c’est un bonheur pour les
yeux que de voir tant de maitrise de son corps. Pour en revenir à la catégorie
« cirque », il faut que vous sachiez que vous ne verrez pas de cirque
« traditionnel » en allant voir ce spectacle (ce que j’espère vus
ferez, ça vous changera les idées et vous ressortirez ravis de la
représentation). Le cirque est modernisé, avec des planches à roulettes (ou
skateboards), des moments de danse géniaux, des échanges avec le public, du
théâtre.
Les artistes qui évoluent sur scène sont
polyvalents (je l’ai écrit un peu plus haut). Mais ce qu’il y a de
surprenant, c’est que tout semble être naturel chez eux : voler dans les
airs et jouer de la guitare par exemple. C’est comme si le spectacle coulait
dans leurs veines et s’emparait d’eux pour leur donner une force incroyable.
Outre cela, autre atout : ces artistes ne sont pas fardés et grimés avec
des costumes improbables (normal me direz-vous, ils ont besoin de bouger) ce
qui facilite l’idée que « ce sont des gens comme vous et moi ». En
vérité, ce sont des sportifs de haut niveau : parce que performer de la
sorte pendant une heure, ça me paraît épuisant, mais en faire tout un
spectacle : je leur tire mon chapeau.
Le mot de la fin maintenant que vous savez
ce que je pense de Traces :
c’est un morceau de performance extraordinaire qui mêle à la fois cirque,
théâtre, danse et poésie, ce qui lui confère une saveur toute particulière
(proche du revenez-y).
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