Je ne vais pas m’étendre plus que
nécessaire sur la place du cinéma dans ma (courte) vie. L’objet en lui-même est
assez particulier, mais savez-vous qui se cache (encore une fois) derrière la
bande son finale de vos films favoris ?
Il y a quelques temps (parce que je suis en
retard sur mes publications en ce moment, pardonnez-moi) j’ai pu m’entretenir
avec un mixeur (non je ne parle pas aux objets) qui m’a donné quelques
précisions sur son métier. Merci donc à Maxence Dussère pour sa collaboration.
À propos de Maxence...
C’est un jeune homme (surprenant
non ? au vu de son prénom) de vingt-sept ans dont les parents évoluent
dans le milieu artistique. Après un baccalauréat scientifique, il a tenté le
concours de l’École Louis Lumière (qu’il manquera deux fois). Il fréquentera
les bancs de la fac durant deux années ainsi que le conservatoire de Boulogne.
C’est là qu’il fera la rencontre d’une future étudiante de La FÉMIS ce qui le
motiva à préparer le fameux concours (plus difficile que celui des ENS c’est
vous dire !). Après avoir passé (et obtenu) le concours (du premier coup), il entre
dans la formation pour une durée de quatre années (je ne vais pas vous
présenter les différents cycles de cette École, vous êtes assez grands pour
vous rendre sur leur site par vous-même) et en ressort en 2015, diplômé de la
section des métiers du son.
Dans l’imaginaire collectif…
Le
mixeur existe, on le voit au générique, mais on ignore son rôle dans la
construction du film : on ne sait pas à quel moment du film il intervient
(mais on sait généralement, tout de même, qu’il bosse en post-prod).
En vérité…
Le
métier du mixeur est assez complexe. Il récupère toutes les pistes son afin de
les harmoniser entre elles pour que ce qu’on entende durant le film se rapproche
au maximum de ce qu’on peut entendre dans la vie. Le mixeur joue ainsi sur
différents aspects des bandes son avec ce qu’on appelle une console (si j’ai
bien compris). Son job, on bref, c’est de sculpter le bazar. Il peut ainsi
modifier les fréquences et autres paramètres afin de créer une bande son qui
corresponde aux attentes du réalisateur (je reviendrai sur les relations
réalisateur-mixeur un peu plus loin).
Pour exercer son art (oui, c’est un métier
artistique), le mixeur évolue dans un auditorium de mixage. En règle général,
on se met en conditions, comme au cinéma, que ce soit en termes de format de la
pièce, de système d’écoute et de grandeur de l’écran. Seule différence :
il n’y a pas de fauteuils. À la place, une grosse machine, enfin plusieurs si
ce qu’on m’a dit est vrai. On a donc (en version simplifiée) une machine qui
lit les sons, la console sur laquelle le mixeur les modifie (fréquence par
exemple) et ensuite, à la fin, on a une autre machine qui enregistre un signal
audio qui servira pour la copie de projection du film.
Quand je parlais de la pratique d’un art,
vous avez pu être surpris. Voilà pourquoi c’en est un : le premier rôle du
mixeur est de jouer sur les volumes sonores (nécessairement), mais il agit
aussi sur la compréhension du film dans la mesure où par exemple, admettons
qu’on voie parler un méchant à l’écran : en augmentant les graves, cela le
rendra plus méchant. Le mixeur, grâce à sa console magique (oui, je trouve que
ca relève un peu de ce domaine) peut également modifier certains paramètres
afin de faire croire au spectateur que le son a été enregistré dans un lieu
différent (je m’explique : il arrive parfois que le son soit enregistré
dans des studios où le son est mat. En appliquant des réverbérations, on peut simuler
la prise de son dans une église par exemple).
Pour en revenir au rapport
réalisateur-mixeur, j’entendrais pour la troisième fois (suite aux deux
précédentes entrevues) que c’est un travail de collaboration avec le
« grand chef ». Contractuellement, le mixeur est responsable de la
bande son finale du film mais en réalité, c’est quand même le réalisateur qui a
le fin mot de l’histoire (presque à chaque fois). Maxence admet qu’il y a des choix « qu’un
technicien ne peut pas faire » ce qui permet de situer davantage la place
du réalisateur. Le mixeur est là pour aider le réalisateur à mettre en place la
bande son que le réalisateur a en tête en vérité. On peut en déduire que le
mixeur a un geste technique, certes, mais que c’est aussi un rôle de mise en
scène qu’il a à jouer.
Pour ce métier, une capacité accrue
d’écoute est nécessaire. Pourquoi ? Tout simplement parce que les doutes
du réalisateur remontent à la surface à ce moment de la post-prod : c’est
la dernière étape avant que le film ne soit "lâché" dirais-je.
Je vous ai donc parlé du rôle, de comment
ça fonctionne (en version simplifiée), mais combien de temps pour faire ce
travail de titan ? Tout dépend du film, des effets, des ambiances… Mais
globalement, on donne rarement moins de trois semaines au mixeur pour sortir la
bande son terminale.
Le mot de la fin ?
Le
métier de mixeur est, comme j’ai pu le constater dans deux métiers liés au
cinéma, un poste qui mêle la technique à l’artistique (comme la danse classique
en somme). La particularité des métiers de post-prod, me semble-t-il (enfin
jusqu’à maintenant), c’est la capacité des techniciens à faire face aux doutes
dont le réalisateur est assailli à quelques semaines de la sortie de son film.
Pour tous ceux qui pensent que le cinéma c’est un truc un peu facile, je peux
maintenant leur dire que non. C’est un milieu où l’aspect humain est d’autant
plus important qu’il faut rassurer le réalisateur (parce que c’est quand même
lui le grande chef) pour que le film soit le meilleur possible.
Aux techniciens du cinéma : bravo pour
ce que vous faites.
Une petite annonce
Cela
fait maintenant trois personnes que je rencontre pour qu’elles me parlent de
leur métier dans le milieu cinématographique et ce ne sont que des hommes. On
ne va pas se mentir, le milieu du cinéma est majoritairement masculin, même
si cela tend à évoluer. Dans quelques temps, j’espère pouvoir vous proposer un
article à propos de la place de la femme dans les métiers du cinéma à travers
les époques. Stay tuned !
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