La
dernière fois que j’ai regardé un générique en entier (c’est rare mais ça
m’arrive), je me suis demandée ce que faisais (vraiment) un producteur de
films. J’ai donc pris mes dix doigts, mon clavier et j’ai envoyé un mail à
Grégoire Debailly qui a accepté de se prêter au jeu des questions-réponses pour
cet article.
À propos de Grégoire
Les
biographies, ce n’est clairement pas mon truc (peut-être que vous l’avez
remarqué), cependant, il est intéressant de voir quel parcours scolaire
Grégoire a suivi. Donc, Grégoire est producteur – ça vous devez l’avoir saisi –
il a fait une hypokhâgne, puis une licence d’histoire, puis Sciences Po Paris,
puis La FÉMIS (oui, les gens qui acceptent de répondre à mes questions à propos
du cinéma sont majoritairement issus de cette école, mais qu’est-ce que j’y
peux moi ?). On peut constater que c’est (encore une fois) un parcours
plutôt atypique pour arriver au métier de producteur.
Ce que l'on pense savoir
Globalement,
l’idée générale à propos du producteur, c’est que c’est lui qui « tient le
porte monnaie » et donc qu’il est important dans le milieu artistique
(oui, il y a des producteurs au théâtre). Malheureusement, cette idée à la vie
dure alors même que le producteur est bien plus que celui qui gère les finances
d’un projet.
Ce que l'on ne sait pas
Du
coup, c’est quoi un producteur ? C’est un peu le deuxième grand chef
(enfin selon moi). Déjà, on ne choisit pas d’être producteur comme ça, un beau
matin parce qu’il fait beau et que les oiseaux chantent, on devient producteur
parce que l'on a découvert le métier. Grégoire, lui, a choisi le métier de
producteur parce qu’il avait « envie de collectif ».
J’apprendrais au cours de notre discussion
que pour découvrir ce qu’il va produire, le producteur travaille régulièrement
avec les mêmes réalisateurs (sorte de couples) mais qu’il peut très bien aller
voir un autre réalisateur pour lui proposer de travailler avec lui. Dans ce
métier : tout se joue sur « l’instinct artistique ». Parce que
producteur, c’est un job généraliste qui est « au carrefour d’un million
de choses ».
On pense à tort que producteur, c’est un
métier où tout repose sur l’argent. Non. C’est un métier de collaboration et de
travail d’équipe (un peu). Le producteur est le premier lecteur du réalisateur,
il l’aide quand ça ne va pas, il le conseille : il a un rôle très
important. Globalement, c’est ce qui explique que le moment où le producteur
est le plus sollicité soit l’écriture. Le métier de producteur est un vrai métier
et je tiens à la souligner. On peut demander conseil à sa sœur une fois sur un
scénario mais si quelque chose cloche, même si elle le sent, elle ne pourra pas
dire précisément où.
Mais malgré ce rôle de conseiller, il n’est
pas faux de dire que le producteur gère les finances d’un quelconque
projet : il vend le produit (le film) à des chaînes TV, des distributeurs.
Son rôle, c’est en partie de lever des fonds (mais pas que).
En ce qui concerne les différents types de
producteurs, j’ai (enfin) eu une réponse claire sur la distribution des
appellations (en France). Le producteur
délégué choisit le projet et s’engage à livrer le produit, le coproducteur a
apporté quelque chose au film tandis que le producteur exécutif est choisi pour
exécuter une tâche (si trop de projets sont en route en même temps pas exemple).
Et donc ?
Le
producteur a un rôle qui dépasse bien entendu l’idée que l'on se fait de celui qui
tient le porte-monnaie. Il doit gérer les équipes, vendre le projet, collaborer
avec divers artistes et chercher des investisseurs qui sont
principalement : Canal +, les chaînes hertziennes (TV) ou encore les
SOFICA (Sociétés pour le Financement de l’Industrie Cinématographique et
Audiovisuelle).
Voilà, rapidement, ce que fait vraiment un
producteur. Merci à Grégoire Debailly d’avoir pris de son temps pour cet
entretien sans lequel le métier de producteur serait resté très flou (pour moi
comme pour vous je suppose).
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